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Intervention du 1er avril 2000 de François MérèsEcoutez les chimist,
véritables comic,
Râ bel est qui,
vous rappeler doit,
pour antimonie,
Salomon le sait,
Masc à rat est.
notez & vérifiez,
en Copte est,
Ophtal mot regardé,
& vous comprendrez. | |
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Intervention du 27 mars 2000 de Hervé DelboyChers amis, et plus à l'intention de Katalina,
Il s'agit, je pense d'un forum sur l'alchimie. L'antimoine n'est qu'un prétexte, tout comme Notre-Dame de Paris n'a été qu'un prétexte pour Fulcanelli de « faire parler » les pierres. L'antimoine est cependant -de façon réelle- important à considérer car il voile l'une des matières premières de plusieurs façons :
a)- le minerai d'antimoine était auparavant nommé stibi ou stimmi, mais aussi albastrum et platyophtalmon. Le mot alabastrum était autrefois employé pour désigner un carbonate de calcium, i.e. un
carbonate de chaux ;
b)- le pseudo-Artephius [Livre Secret, apocryphe du XIe siècle] nous dit d'entrée de jeu : « l'antimoine est des parties de Saturne » ; cette sentence a inspiré depuis de très nombreux souffleurs qui se sont évertués à employer la stibine sous toutes ses formes. Le sommet a été atteint par le pseudo Basile Valentin avec son Char de Triomphe de l'antimoine [il a réellement mis en évidence plusieurs sels d'antimoine, mais c'est tout ce que l'on peut en dire] ;
c)- les choses se sont un peu plus compliquées -si l'on peut dire- dans l'Angleterre du XVIIe siècle, sous le cercle de Samuel Hartlib, qui avait comme amis... Robert Boyle et Isaac Newton. Newton, avec l'esprit méthodique qui était le sien, était persuadé de retrouver dans le monde de la chimie [de l'infiniment petit]
l'équivalent de ce qu'il avait révélé dans ses Principia, en énonçant le principe de la gravitation universelle. Le régule d'antimoine, notamment, fascinait les savants à cette époque. Par régule, il faut entendre le métal antimoine ; il pouvait être obtenu avec du fer, du plomb, etc. et à chaque fois, on obtenait un sel de fer, de plomb, etc. et l'antimoine, pur, qui se déposait. En refroidissant, l'antimoine présentait alors ce qu'on appelle un phénomène de retassure, du fait du retrait du métal ; ce retrait prenait souvent l'aspect d'une étoile à 6 branches, ce qui pour Newton, était le signe d'une attraction où il pensait trouver une analogie avec ce qu'il avait observé pour les corps célestes ;
d)- à notre époque, Fulcanelli et Eugène Canseliet ont semé le trouble à l'envi, le premier pour dissuader d'utiliser la stibine vulgaire, impropre à l'oeuvre, le second au contraire préconisait l'emploi du sulfure d'antimoine ou plutôt, de la scorie que l'on obtient en soumettant au grillage de la stibine native dans des pôts à fond percé : il se forme en effet de l'oxysulfure d'antimoine.
Quelle synthèse peut découler de cet entrelacs ?
Voici la réponse qui me semble la plus rationnelle (ou la moins irrationnelle...) : lorsqu'Artephius écrit que l'antimoine est des parties de Saturne, cela doit s'entendre par cabale phonétique et renvoie « à la langue des oiseaux ou au Gay Scavoir» pour reprendre une expression de Canseliet ; l'explication est la suivante : l'un des noms anciens de l'antimoine est albastrum, contraction d'album astrum [étoile blanche] ; l'étain se disait plumbum album [plomb argentifère] et soit dit en passant, même chose pour le zinc que les Grecs et les Romains confondaient avec l'étain (les minerais de blende et de galène sont souvent très proches). Par le terme « album », l'antimoine se trouve ainsi être « des parties » de l'antimoine, ce qui explique les références nombreuses de Fulcanelli à l'étain et parfois au zinc. Sous l'antimoine est donc voilé l'alabastrum ou carbonate de chaux. Ce carbonate de chaux donne accès à l'un des composants vraisemblables du feu secret : le carbonate de potasse ou peut-être le sulfate de potasse. Par ailleurs, il est possible que le carbonate de soude entre aussi dans la composition du feu secret -qui n'est rien d'autre, notez-le bien, qu'un fondant- ; la fabrication de la soude artificielle est analysée sur mon site (http://club-internet.fr/perso/hdelboy/) ; l'analyse complète de la synthèse de la soude artificielle ou carbonate de soude -sel blanc quand il est pur- est rendu possible par la formation, à un moment, d'oxysulfure de calcium, grâce à du charbon.
Eugène Canseliet et Fulcanelli devaient nécessairement avoir connaissance du procédé d'obtention de la soude artificielle ; dès lors, il était tentant, en poursuivant l'allégorie jusqu'au bout, de faire prendre les traits de l'oxysulfure d'antimoine à l'oxysulfure de calcium.
Ainsi, voyons-nous à quel point les Adeptes pouvaient être retors ; l'entrelacs ainsi tissé était tellement nébuleux qu'à certains endroits des textes modernes, nos auteurs pouvaient même parler "innocemment" de chaux ou de tartre [faex, faeculis, littéralement excrément], voire de carbonate, tout le monde n'y voyant que du feu sous l'avalanche de plomb, d'étain et de signes cabalistiques divers et variés, dont le fameux 4.
J'espère avoir éclairé votre lanterne -autre terme de cabale hermétique- sur l'antimoine. Un dernier mot : à un moment, Fulcanelli parle de l'albâtre des Sages comme étant le véritable antimoine saturnin d'Artephius ou le régule de Tolliac. C'est une indication indirecte sur l'albastrum...
A bientôt,
Hervé Delboy | |
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